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Historique des recherches

Table des matires

(Seul le rattachement universitaire actuel du chercheur est mentionn. Si ce nest pas le cas, ( ce moment, Universit ) a t ajout. Cela sera mentionn une fois seulement. Le rattachement des chercheurs de lUniversit de Kyoto nest pas prcis.)

1. Historique des recherches japonaises au Cameroun

 1-1. Les dbuts: primates et sciences naturelles

http://jambo.africa.kyoto-u.ac.jp/cgi-bin/CameroonFS_en/wiki.cgi?action=ATTACH&page=Research+History&file=cameroon%5Fen%2Ejpg

Une longue histoire lie le Cameroun aux recherches universitaires des chercheurs japonais. Cela a commenc il y a plus de cinquante ans, en 1958, avant lindpendance du Cameroun, lorsque feu Junichiro Itani, de lUniversit de Kyoto, sest rendu dans la Rserve de faune du Dja pour effectuer une tude prliminaire sur les grands hominids sylvestres. Une description dtaille de son exploration est disponible dans le premier chapitre du livre Afurika dobutsuki [Les animaux africains] (1964). Ses recherches lont amen par la suite se dplacer du Cameroun vers les forts zaroises dans la partie est du Bassin du Congo. Il aura fallu attendre les annes 80 pour quun autre chercheur japonais, Masao Kawai, qui tait ce moment professeur au sein de lInstitut de Recherche sur les Primates de lUniversit de Kyoto, et son quipe viennent au Cameroun et plus prcisment au parc national de Campo-Maan, dans le Sud-Ouest du pays, pour y tudier les Cercopithcids (Cercopithecidae) sylvestres, en particulier les drills et les mandrills. Dans les annes 90, Hideyuki Osawa, Naofumi Nakagawa ainsi que dautres chercheurs ont men des recherches sur les patas et les singes peuplant la savane dans le parc national de Kalamaloue dans la rgion du Nord.

En parallle ces projets de recherches entrepris par lInstitut de Recherche sur les Primates, Koichi Koshimizu et dautres chercheurs ont examin les potentielles proprits mdicinales de plantes et dherbes prsentes dans le parc national de Campo-Maan ; Mikio Kaji (Universit de Tokyo) sest lui concentr sur la vgtation des forts dans ce mme parc. Au mme moment, Hiroyoshi Chujo ( ce moment, Universit Chubu) conduisait des recherches phytosociologiques comparatives linterface entre les biomes de la fort et de la savane.

On recense galement des tudes de long terme effectues par des chercheurs japonais au Cameroun dans le domaine des sciences naturelles non biologiques. On peut citer lǏtude physiographique de Hiroshi Kadomura ( ce moment, Universit Mtropolitaine de Tokyo), Nobuyuki Hori (idem), entre autres, et les recherches en matire de goscience de Minoru Kusakabe ( ce moment, Universit dOkayama), notamment, sur le lac Nyos et le lac Monoun (ces deux lacs volcaniques ont caus des catastrophes naturelles par des ruptions gazires).

 1-2. Anthropologie culturelle et tude des sciences humaines

Au mme moment, les tudes danthropologie culturelle au Cameroun ont gagn en attractivit par le biais de lorganisation « Expdition pour la recherche sur la Grande Savane » de feu Morimichi Tomikawa et Shunya Hino, tous deux chercheurs lUniversit de Tokyo des tudes trangres, la fin des annes 60. Hino, pionnier en matire danthropologie urbaine au Cameroun, a concentr ses recherches dans la ville principale de la rgion de lAdamawa, Ngaoundr, ainsi que dans le village de Mbang-Mboum pour son travail de terrain. Haruka Wazaki (Universit Chubu) a conduit des recherches long terme dans la ville de Foumban sur le peuple bamoun, alors que Yoshito Shimada (Universit de Nagoya) a tudi le royaume musulman de Rey Bouba dans le nord du pays. Misa Hirano (ne Nomoto) sest intresse au peuple Bamileke, clbre pour son sens des affaires, dans la capitale Yaound et dans la rgion de lOuest. Les travaux danthropologie urbaine sont essentiellement poursuivis aujourdhui par les jeunes chercheurs de lUniversit de Nagoya. Dernirement, Mioko Kobayashi (Universit de Nagoya) a tudi la vie des femmes dans le royaume musulman ; quant Akiyo Shioya (Universit de Nagoya), elle sest penche sur lactivit des marchs grs par la communaut Eton.

Dans le nord-ouest du Cameroun, anglophone, Nobuyuki Hata ( ce moment, Muse National dEthnologie) a effectu une tude de la socit monarchique traditionnelle de la communaut Mankon, et Shigehiro Sasaki (Universit de Nagoya) sest concentr sur la culture du masque au sein du peuple Ejagham dans lEtat de Cross-River. Actuellement, Sumiko Goto (Universit de Nagoya) tudie la chefferie de Nkamb dans la rgion du Nord-Ouest.

En ce qui concerne la linguistique, feu Kazuhisa Eguchi ( ce moment, Muse National dEthnologie) a explor le folklore et la tradition orale des peuls dans la ville de Maroua. En matire de linguistique descriptive, Yasutoshi Yukawa ( ce moment, Universit de Tokyo des tudes trangres) a tudi les langues Bantu dans louest du Cameroun, alors que Ryohei Kagaya (Universit de Tokyo des tudes trangres) sest focalis sur la langue Bakweri parle dans le nord-ouest du pays. En plus de ces recherches, on peut citer les travaux rcents de Nobutaka Kamei (Universit prfectorale dAichi) sur la langue des signes des malentendants camerounais.

Enfin, des tudes sur la culture matrielle ont t menes par Jun Mori ( ce moment, Universit des Arts dOsaka) et Kazuyo Iseki (Universit des Arts dOsaka) qui abordent des questions culturelles travers lartisanat.

 1-3. Recherches co-anthropologiques

http://jambo.africa.kyoto-u.ac.jp/cgi-bin/CameroonFS/wiki.cgi?action=ATTACH&page=%C9%FE%C9%F4%BB%D6%C8%C1&file=hattori%7Ea%2Ejpg

Bien que lǏco-anthropologie ait t lun des piliers centraux des recherches africaines de lUniversit de Kyoto, la recherche co-anthropologique au Cameroun a t remise au got du jour seulement en 1993, plus de trois dcennies aprs lexpdition dItani mentionne ci-dessus, par Daiji Kimura, Rosei Hanawa, Kaori Komatsu et Shigehiro Sasaki. Ds lors, les recherches sur lǏconomie cologique, la socit, et la culture des populations sylvestres ont repris essentiellement dans les forts tropicales humides qui englobent la moiti sud du Cameroun. Malgr les contenus diffrents quelles reclent, ces recherches comportent de nombreux points communs. Dabord elles ont toutes t menes sur le long terme et sur le terrain. Ensuite, elles sont dune grande « densit ». En effet, dans une zone relativement restreinte – le sud-est camerounais, il est possible dobserver les nombreux moyens de subsistance des locaux, que ce soit la chasse, la cueillette, lagriculture ou la pche. Si leur rsidence principale se trouve en gnral dans les villages au bord des routes, ils ont recours trs souvent aux camps de chasse dans les forts primaires et aux camps de pche construits sur les berges des cours deau. Cette rgion, berceau dhabitants aux profils trs divers, est le sujet dintenses recherches par plus de 20 chercheurs.

Cest le concept d' « cologie » au sens large qui doit servir de socle ces recherches. Aujourdhui, bien que le terme soit communment dfini comme « lǏtude des interactions entre des organismes vivants et leurs environnements », son sens original va bien au-del. Le prfixe « co » du terme « cologie » est driv du grec oikos, qui signifie « maison ». Ainsi, « cologie » signifie en ralit « lǏtude de lhabitation et de lenvironnement qui lentoure ». Ici, le terme « environnement » ne se limite pas son sens biologique. Le souci dessayer de comprendre un phnomne donn, quil se situe dans un contexte social ou culturel, en relation avec son environnement immdiat, est, en effet, une approche cologique au sens large.

Par ailleurs, la recherche co-anthropologique contemporaine a t critique pour son manque de perspective historique. En dautres termes, du fait de lintrt prdominant dcrire les styles de vie des populations du prsent, les chercheurs qui utilisent des donnes historiques ont t limits, et, par consquent, des phnomnes spcifiques nont pas t placs de faon adquate dans le contexte historique rgional. On peut aussi critiquer le manque de considration pour lobservation dun espace plus large que celui tudi alors que tant defforts ont t fournis pour analyser la socit et lenvironnement en question. Cela dit, de nombreux projets de recherche rcents, de plus en plus influencs par les trois cadres de lǏcologie (culturel, historique et politique) proposs par Mitsuo Ichikawa, tentent de se rapprocher de la perspective historique et de prendre en compte les aspects relationnels avec lextrieur.

2. Orientation des recherches rcentes

Nous allons voir ici dans une brve introduction un aperu des recherches rcentes dans trois domaines, savoir : la recherche sur les chasseurs-cueilleurs et sur les fermiers pratiquant lagriculture sur brlis – deux groupes qui ont t intensivement tudis dans les annes 90 et 2000, et la recherche se reposant sur lǏtude des interactions transfrontalires des sujets de recherches spcifiques. La recherche sur des sujets autres que les chasseurs-cueilleurs et sur les fermiers pratiquant lagriculture sur brlis – comme les populations urbaines, les pcheurs et les leveurs – est aussi de plus en plus privilgie.

 2-1. Recherches dans la fort tropicale

2-1-1 Recherches sur les chasseurs-cueilleurs

Les chasseurs-cueilleurs pygmes ont t lun des sujets de prdilection des chercheurs de lUniversit de Kyoto et dautres universits japonaises en matire dǏco-anthropologie en Afrique. Alors que les Mbuti et les Ef qui se trouvent dans la rgion nord-est du bassin du Congo et les Aka dans la rgion nord-ouest ont t tudis avant les annes 80, les pygmes Baka, qui vivent dans le sud-est du Cameroun, ont fait lobjet de recherche relativement tardivement. Des tudes sur les Baka effectues par des chercheurs europens et amricains se limitaient aux sujets du langage, de la culture et des pratiques rituelles avant les annes 80 ; ces tudes ne mettaient pas en vidence linterconnexion importante sur le plan cologique du style de vie des chasseurs-cueilleurs avec lenvironnement de la fort tropicale. Cest dans ce contexte que lUniversit de Kyoto et dautres universits japonaises ont dvelopp ds les annes 90, en tant quun de leurs piliers centraux, les recherches sur les chasseurs-cueilleurs Baka dans une perspective cologique, en se concentrant sur des thmes comme lethnoscience, la durabilit des activits de chasse et de cueillette, les relations ethniques entre groupes de chasseurs-cueilleurs et de fermiers et les aspects co-politiques des activits de subsistance.

Le fameux « problme de ligname sauvage », qui se fonde sur la possibilit ou limpossibilit pour les chasseurs-cueilleurs peuplant les forts tropicales africaines de maintenir un mode de vie strict de chasseur-cueilleur sans se reposer sur lagriculture, sest pos la fin des annes 80 ; ce jour, ce problme est rest sans solution. Hirokazu Yasuoka (Universit Hosei) sest pench sur la question en mettant en place une observation participante en prenant part, en plusieurs occasions, au « molongo » (longue expdition pour le fourrage) des pygmes Baka ; aprs plus de deux mois et demi dobservation, il en a conclu que le mode de vie des Baka reposait entirement sur la chasse et la cueillette. Dans sa tentative pour rpondre la mme question, Hiroaki Sato (Ecole de Mdecine de lUniversit dHamamatsu) et ses collgues ont dmontr, en utilisant les mthodes co-anthropologiques, que les Baka, aussi longtemps quils vivent en petits groupes, peuvent maintenir un mode de vie sain bas sur la chasse et la cueillette sans avoir recours lagriculture tout au long de lanne. Ces conclusions ont grandement contribu mieux cerner le « problme de ligname sauvage ».

Taro Yamauchi et Izumi Hagino, de lUniversit de Hokkaido, mnent actuellement des recherches co-anthropologiques bases sur la croissance et lalimentation des pygmes Baka. Hagino, qui a procd des tests physiques sur les enfants Baka, a dcouvert que la pousse de croissance qui se produit durant la pubert est par nature moins rapide chez les enfants Baka. De plus, Kyohei Kawamura (Universit Yamanashi) a analys la pression sanguine des pygmes Baka dans les camps de chasse et de cueillette afin de mettre en lumire les relations existentes entre la sant et la qualit de vie dans les camps de chasse et de cueillette au sein de la fort tropicale.

Shiho Hattori (Universit Tenri) a rdig une liste dtaille denviron 600 espces de plantes tropicales connues des Baka, et a valu quantitativement la transmission de lethno-savoir sur la flore au sein du groupe. Cette tude permet de rvler spcifiquement comment la cration, lextinction et la transmission de lethno-savoir se produisent dans une socit de chasseurs-cueilleurs.

Yujie Peng effectue des recherches sur le tatouage et dautres formes de modification corporelle et dornement, et mne des enqutes sur les tendances gographiques de lethnoscience relative au corps humain en se basant sur des tudes tendues sur une vaste zone gographique. Peng examine, en plus, la manire dont la connaissance et les technologies non directement lies aux techniques de survie sont transmises de gnration en gnration entre les pygmes Baka.

Des recherches sur la transformation des socits de chasseurs-cueilleurs et leurs rapports avec la socit globale sont galement conduites. Sappuyant sur une observation participante au sein des camps de chasse des pygmes Baka, Koji Hayashi (Universit Kobe Gakuin) met en avant le fait que la mutation des activits de chasse par ladoption de piges ressort et de fusils de chasse est due lattrait pour lagriculture et la sdentarisation. Naoki Matsuura (Universit prfectorale de Shizuoka), qui tudie les relations sociales parmi les pygmes Babongo au Gabon – au sud du Cameroun – et leurs relations ethniques avec les groupes dagriculteurs qui se trouvent proximit, a tudi les modes de visite des Baka au Cameroun afin de les comparer ceux des Babongo ; ces derniers se sont mieux dvelopps que les Baka face la transition vers la sdentarisation et ladoption de lagriculture. En ce qui concerne ladoption de lagriculture par les chasseurs-cueilleurs, Koichi Kitanishi (Universit Yamaguchi) a effectu une mise au point sur lǏtat de la culture des bananes plantains base sur une agriculture sur brlis de petite envergure, dans laquelle les Baka sǏtaient dj lancs. Kitanishi a rflchi sur la raison qui les a pousss adopter de telles pratiques en rapport avec les spcificits cologiques propres la banane. Takanori Oishi, en mettant en avant le fait que les pygmes Baka ont commenc non seulement la culture pour leur consommation personnelle mais aussi la culture de rente comme celle du cacao, claircit un aspect des interactions entre les systmes conomiques globaux et/ou rgionaux et le systme politico-conomique local qui inclut les groupes de chasseurs-cueilleurs.

2-1-2. Etude sur les fermiers qui pratiquent la culture sur bris

LǏtude de lagriculture au Cameroun par les chercheurs japonais a dbut lorsque Nobuyuki Hata, membre de l « Expdition pour la Recherche sur la Grande Savane » mentionne plus tt, a effectu des enqutes sur les villages agricoles des Dourou, peuple vivant dans la savane au nord du Cameroun. La culture sur brlis dans la fort tropicale humide des Bantu a fait lobjet de recherches seulement partir de 1993, deux dcennies aprs les recherches effectues dans la savane. Kaori Komatsu (Universit de Shizuoka) et Rosei Hanawa ont alors commenc mener, dans un village vers lequel les diffrents groupes ethniques avait migr, leurs recherches sur la culture des bananes plantains et le systme de culture sur brlis dans lequel les plantes sont laisses telles quelles. En poursuivant ses recherches sur les habitudes alimentaires des fermiers, Komatsu a progressivement largi le champ de sa recherche sur la situation alimentaire de lAfrique tropicale dans son ensemble. Par la suite, Kagari Shikata a entam des recherches en 2000 sur la culture sur brlis pratique par les fermiers Bangandou dans la rgion sud-est au Cameroun. Elle a dmontr que ces fermiers possdaient plusieurs champs de bananiers plantains, un de leurs aliments de base, et quil tait possible de produire des rcoltes stables tout au long de lanne. De plus, elle a clarifi, dun point de vue historico-cologique, la part des activits humaines dans le cycle de la mise en place de la culture sur brlis et de la reforestation, par exemple, la culture de plantains aux forts secondaires issues de la culture sur brlis. Parmi les fermiers vivant dans la fort tropicale humide, on trouve des individus ayant des origines ethniques extrmement diversifies et dautres qui ont un mode de vie trs complexe. Takanori Oishi a tudi la combinaison agriculture/pche le long des rives des cours deau par les Bakwele, qui peuplent la partie infrieure de la rivire Dja dans la rgion sud-est au Cameroun. Ryota Yamaguchi a, lui, analys les perceptions des Bakwele ; il sest concentr sur les croyances en matire de sorcellerie/magie et les maladies, ainsi que sur la dichotomie entre le savoir traditionnel et le savoir scientifique/rationnel la lumire de lanthropologie culturelle.

Ds 2005, Kenta Sakanashi (Universit Doshisha) a port essentiellement son attention sur la production du cacao autour de la Rserve de faune du Dja dans la province du Sud au Cameroun. Il en est ressorti que, dans cette rgion faiblement peuple, le vin de palme et la viande obtenus par la chasse et la cueillette sont utiliss pour compenser les efforts de la main dǏuvre, qui est vitale pour la rcolte du cacao. Rcemment, des initiatives visant favoriser la prservation de la fort ont t inities par le gouvernement et les organisations internationales. Alors que, dun ct, de telles initiatives limiteraient la chasse et la cueillette de la population, de lautre, il apparat clairement quelles mettraient en valeur la production du cacao pour laquelle ces activits sont ncessaires. A partir de ces recherches, on peut observer que les habitants de la rgion forestire du sud et du sud-est du Cameroun nont pas dtruit la fort sans discernement ; ils sinvestissent plutt dans lagriculture en contribuant la rgnration de la fort un certain degr. En partant de cette affirmation, il serait ncessaire deffectuer des recherches qui prennent en compte non seulement le lien entre la culture sur brlis et lenvironnement de la fort, mais aussi la chasse et la cueillette, la pche, ainsi que la culture de rente, les mouvements migratoires internes vers la rgion forestire ou des forts vers les villes, ou encore les flux de technologies et dinformation qui accompagnent ces mouvements. Engager des discussions avec les populations locales sur la faon dont lagriculture peut coexister avec les initiatives pour la protection de la fort et des animaux sauvages et sur les moyens dobtenir de la nourriture et des revenus est lun de nos dfis majeurs.

2-1-3. Etudes des interactions

En plus des tudes co-anthropologique – au sens strict du terme – qui dcoulent dun ensemble de donnes lies aux aspects physiques des systmes de subsistance, lǏtudes des interactions, qui se focalise sur les interactions entre individus lors des chants et des danses ainsi que dans les conversations quotidiennes, ont fait petit petit leur apparition dans les annes 80. Parmi les tudes effectues dans le Bassin du Congo, la premire se consacrer aux interactions a t celle de Masato Sawada (Universit Kyoto Seika) sur les chants et les danses au sein de la communaut de chasseurs-cueilleurs Efe en Rpublique Dmocratique du Congo (RDC). Par cette approche, Sawada a tent de se plonger dans les croyances des Efe sur la vie et la mort. Daiji Kimura a aussi commenc analyser les interactions des individus au quotidien, en se concentrant sur linteraction phontique des Bongando, des fermiers, en RDC, et des Baka, qui vivent au Cameroun, tout en incorporant des mthodes analytiques quantitatives puises dans lapproche co-anthropologique traditionnelle. En se basant sur cette tude, Kimura examine les actes quotidiens qui amnent le sens de coprsence et qui diffrent de ceux pratiqus dans les socits modernes/de culture occidentale. Daisaku Tsuru (Universit Kyoto Seika) et Daisuke Bundo (Universit Shinshu) ont tous deux explor les rassemblements des Baka autour des chants et des danses connus sous le nom de « be ». Leur intrt sest port sur ces « rassemblements », qui semblent se former dans le chaos et qui sont libres de toute norme culturelle. Une grande partie de lǏtude des interactions au Cameroun a cibls les communauts de chasseurs-cueilleurs Baka, parce quil est difficile de dcrire, on peut le pointer du doigt, les structures sociales traditionnellement abords en anthropologie (la parent, lorganisation du logement, les classes sociales, la logistique, les rituels, etc.) au sein des communauts de chasseurs-cueilleurs. LǏtude des interactions considre que lordre social dcoule des interactions sur ces lieux prcis. Cest peut-tre la raison pour laquelle lǏtude des interactions sur les Baka sest tant dveloppe comme elle peut lǏtre actuellement. On peut consulter les rsultats de ces tudes dans le livre « intarakushon-no-kyokai-to-setsuzoku: saru-hito-kaiwa-kenkyu kara » [Les limites et la connectivit de linteraction : tude des primates, des humains et de la conversation] publi par Intarakushon-Kenkyu-Kai [Socit pour lEtude des Interactions], dont Kimura est le prsident. Lintrt pour lǏtude des interactions est toujours dactualit. Rcemment, Koji Sonoda a tudi linteraction entre adultes et enfants dans le cadre de travaux en commun. A travers cela, Sonoda espre expliquer la relation entre ducation, qui a t prcdemment dcrite comme « non-proactive », et la vie quotidienne des chasseurs-cueilleurs, cest--dire de clarifier la relation entre « lǏducation » Baka et leur environnement naturel, en prenant en compte les interactions quotidiennes en dtail.

 2-2. Recherches dans la savane

Des chercheurs de lUniversit de Kyoto ont commenc en 2003 effectuer des recherches dans la savane. Au dbut, Hiroyuki Inai participait des recherches co-anthropologiques dans le sud-est du Cameroun sur la coexistence des pcheurs locaux avec les pcheurs migrants du nord du pays. Il a depuis chang de zone dǏtude pour aller dans la rgion entourant la rivire Logone qui coule dans le centre-ouest du Tchad et lest de la rgion de lExtrme-Nord au Cameroun ; il y tudie actuellement les mcanismes qui sous-tendent le travail des migrants dans le cadre de la pche et des changements sociaux qui en rsultent. Cette recherche contribue aussi analyser la circulation des ressources aquatiques, qui retient particulirement lattention ces dernires annes. Akito Yasuda sintresse la chasse en tant que loisir pratiqu par les occidentaux dans les environs du Parc National de Bnue dans la Rgion du Nord. Yasuda sinterroge sur la durabilit du mode de vie des locaux du point de vue de la sociologie environnementale. Ses recherches fournissent un savoir accru et une ide sur la faon dont on peut prserver la faune et le tourisme qui considre la faune comme une ressource. Reiko Hayasaka a effectu des recherches sur les Bororo, un groupe faisant partie des Fulbe, qui ne se sont pas convertis lislam et qui continuent de vivre de faon nomade. Ce groupe sest attribu le nom de Bororo, sest organis et sest engag dans diverses actions pour amliorer ses conditions sociales. Dans ces mouvements, Hayasaka a observ la formation et la mutation dune identit ethnique au sein des Bororo au regard de leurs activits de subsistance. La dfense des droits des minorits, dans le cas de ce groupe ainsi que dautres groupes sembblables aux Bororo, est devenue une proccupation majeure pour les chasseurs-cueilleurs vivant dans les rgions forestires.

 2-3. Recherches aux urbaines

En 1993, Misa Hirano (ne Nomoto) a entam des recherches sur la migration urbaine dans la ville de Yaound, et en particulier, sur lentraide et les activits conomiques des Bamileke, clbres pour leur sens des affaires. Les Bamileke qui ont migr vers la ville ont form des associations, qui incluent les membres dun mme village, et par lesquelles ils sentraident et tablissent un systme de mise en commun de biens/capitaux appel tontine afin damliorer leurs conditions de vie. Hirano a clarifi les relations vivantes entre les villes et les villages camerounais, en dcrivant les activits des associations des mmes villages Bamileke. Nobutaka Kamei a effectu des recherches anthropologiques sur les malentendants et le langage des signes dans la capitale, Yaound, et dans dautres villes. En faisant avancer la recherche sur les organisations, les coles et les activits des malentendants ainsi que lhistoire et le statut actuel du langage des signes – en se basant sur des entretiens avec des malentendants, Kamei essaie de dvelopper un nouveau modle thorique pour le « dveloppement bas sur la comprhension de la culture des malentendants ». Mikako Toda a men une tude approfondie de la vie quotidienne des personnes souffrant dhandicaps physiques dans la capitale Yaound afin de mettre en lumire leur situation actuelle. Elle dcrit leur attitude courageuse et rsolue pour survivre dans la ville : elles travaillent dun ct dans des fermes auto-suffisantes la priphrie de la ville, mais dun autre elles mendient de largent pour soigner leurs enfants – ce sont des individus que lon pourrait difficilement assimils aux handicaps qui ont besoin dune aide spcifique. Yushi Yanohara a effectu une observation participante part entire qui la plong dans la culture hip hop de la jeunesse de Yaound et de la ville portuaire de Douala. Vivant parmi les jeunes, Yanohara, qui a galement particip lǏcriture et linterprtation des chansons hip hop, sest engag dans des activits de recherche uniques qui sortent du cadre de la recherche universitaire traditionnelle.