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La Flore de la Forêt et les Pygmées Baka

De Hattori, Shiho

http://jambo.africa.kyoto-u.ac.jp/cgi-bin/CameroonFS/wiki.cgi?action=ATTACH&page=%BF%B9%A4%CE%BF%A2%CA%AA%A4%C8%A5%D0%A5%AB%A1%A6%A5%D4%A5%B0%A5%DF%A1%BC&file=hattori002%2Ejpg
Photo: La large étendue de la forêt juste derrière le village

Sous un plein soleil, un petit bourgeon dresse sa tête verte claire de l’intérieur d’une chaussure rouge abandonnée. De nombreuses plantes fleurissent au-dessus du toit couvert de feuilles de raphia de la place du village Baka, perçant le ciel bleu. Des branches poussent à partir des piliers des petites maisons blotties les unes contre les autres, leurs plafonds épaissis par la pousse des feuilles. Peut-être que ces piliers se rappellent le temps où ils étaient des arbres avant d’avoir été coupés et extraits de la forêt.

J’ai déjà fait plusieurs voyages entre le Japon et le sud-est du Cameroun pour étudier la relation entre la flore tropicale qui pousse vigoureusement dans la forêt et le mode de vie des pygmées Baka qui y vivent. Maurice Maeterlinck, auteur connu au Japon pour « L’Oiseau Bleu », a écrit dans le livre « L’Intelligence des Fleurs » : « Les plantes font tout leur possible pour réaliser leur devoir. Elles possèdent la grande ambition de répandre inexorablement la forme d’existence qu’elles incarnent pour envahir et conquérir la surface de la terre ».

Les forêts du Cameroun et leurs plantes débordent de cette « grande ambition ». Lorsque j’ai commencé mon étude, j’ai été stupéfaite par l’incroyable capacité de survie de la flore, et je me suis même mise à croire que je pourrais moi-même me faire engloutir par la forêt. J’ai surmonté nombre de difficultés en marchant dans la forêt avec les pygmées Baka ; j’ai notamment dû grimper sur des arbres morts pour continuer à avancer ; j’avais aussi beaucoup de mal à me débarrasser des plantes grimpantes autour de mes jambes et de mon visage. Pourtant, j’ai commencé à comprendre petit à petit que ce que je voyais comme de simples plantes obstruant mon chemin était, pour les Baka, important et indispensable à la vie.

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Photo : Des jeunes filles Baka parées de fleurs

L’habitat traditionnel du pygmée Baka est composé de longues et fines branches et de grandes feuilles de marante. Leurs chaises, lits, ustensiles de cuisines comme la planche à découper et le mortier, ainsi que les outils destinés à la chasse et à la pêche, sont presque tous entièrement fabriqués à partir de plantes. En plus de constituer l’alimentation qui satisfait à la fois l’estomac et l’esprit, et une médication qui guérit de diverses maladies, la flore forestière joue également un rôle important lors des cérémonies Baka et dans les histoires populaires. Peut-être que les Baka ne sentent pas qu’ils sont « absorbés par la forêt » car leurs vies sont intimement liées à elle et qu’ils dépendent autant de ses bienfaits. La forêt, si abondante en force vive, est simplement pour eux un monde réel et familier.

J’ai une fois demandé à une femme Baka, alors que je nettoyais autour du logement au mur de boue et de feuilles de raphia qu’ils avaient construit pour moi : « L’herbe pousse dans la forêt et tente d’entrer dans mon logement. Pourquoi ne pas nettoyer ? ». D’un sourire, elle a répondu : « On ne s’en occupe pas. Si c’était le cas, l’herbe reviendrait de toute façon ».

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Photo : Une femme Baka en pleine construction d’un logement